A sept, nous louons des vélos.
Pas de vitesses ou plus de freins, il faut choisir. On passe tout ça à la clef à molette et c’est parti. Mais qui sont ces gens? Nos coeurs sont consacrés pour les uns à l’architecture, pour d’autres au soin des malades, pour les derniers au sauvetage de la planète, et, pour ma part, à la dégustation de choucroute.

En suivant la rivière, on se perd un peu dans les villages Dong qui s’y accrochent. Tous se font un honneur de ressembler au paradis terrestre, mais sans les deux à poil (en tout cas on ne les a pas vus).

Ce matin, l’art à l’honneur est l’architecture. Pas un clou, pas une vis. Comme le gars qui fait du vélo sans les pieds… sans les mains… sans les dents…

Cette tour du tambour où j’étais hier soir fait 23 mètres de haut. Elle repose, nous dit un vieil homme, sur quatre troncs d’ « arbre des forêts » (林树) – nos esprits sherlockholmesques en déduisent : de pin. A l’approche du faîte, une croisée transversale soutient une poutre centrale qui porte la pointe du chapiteau.

Avant de sortir, nous glissons un billet dans une urne et marquons nos noms sur une feuille. Les sommes sont gravées plus tard en regard des noms sur de grandes plaques noires.

Contre un mur, des lusheng sont remisés, cet instrument dont les tuyaux parallèles peuvent émettre chacun leur note en même temps – leur puissance de cacophonie avoisine celle d’un âne du Poitou. C’est dire. Sur le Mont de la Lune, je les avais vus en action.

Notre route nous mène à Guandong, via Pingzhai (平寨), « village paisible », et Dazhai (大寨), le « grand village », traduit comme… village Da !

La fois où j’ai fait du sport en Chine
En chemin, on joue avec des gosses sur la place du village, c’est-à-dire sur le terrain de basket: on court à vélo derrière eux qui s’enfuient en riant. Preuves accablantes en photos.

Ils sont au pied du mur / d’une tour Dong / du panier de basket.

Quand on les poursuit, ils s’enfuient.

Quand on s’arrête, ils rigolent.

Quand on les fixe, ils se prennent pour les Dalton. Averell est sur la droite.

Et pendant ce temps, le reste de la troupe prend la chose avec philosophie.

Nous mangeons derrière un 小卖部 (bazar) ; dans la belle salle commune d’une grange, deux femmes Dong nous préparent une fondue, à vrai dire excellente. Au fond de la pièces, trois immenses woks encastrés servent, nous dit-on, à l’occasion des fêtes. Au centre de la pièce, la traditionnelle table de deux demi-lunes. Bien sûr la télé !

Image du bonheur: dans un coin de la pièce, un porc bien gras dort du sommeil du juste, baigné d’un trapèze de soleil. Près de lui, sous l’escalier, les volailles caquètent.

La lumière de cette pénombre vient, qui de briques ôtées régulièrement au mur de soubassement, qui de belles fenêtres ornementées d’une « ferronnerie » de terre sèche. De la même manière qu’une taxonomie du vêtement de plage distingue le bikini du monokini et du zérokini, la science des fenêtre oppose au simple et au double vitrage ce qui se nomme le « zérovitrage ».

Et faites péter le dragon
Après le repas, je laisse mes amis continuer la balade et je rentre au galop, attraper la navette pour San-ts’iang puis celle pour les rizières de Longji (Long-ts’i, 龙脊), c’est-à-dire en « épine dorsale de dragon ».

J’y arrive à la nuit tombante. Brume et pluie. Je me promène un temps en surplomb de paysages irréels, face au non-être. J’ai la dalle, aussi. J’ai les jetons métaphysiques pour ma balade du lendemain – six heures de marche dans le brouillard et sous la pluie ?

Pour me remettre du néant, je m’enfile quelques spécialités du lieu : riz cuit dans une tige de bambou (竹同反), poireau à l’œuf, thé vert de Longji.

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:<< Des monts, des ponts, des Dong (Chengyang)Les rizières du dragon (Longji) >>

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