Un itinéraire d’une semaine dans une des régions de Chine les plus belles et les plus reculées: la vallée du Nujiang, au Nord-Ouest de la province du Yunnan et à la frontière de la Birmanie. Des villages traditionnels, des gorges encaissées, des montagnes embrumées, des églises catholiques, une gastronomie succulente, et à peu près aucun touriste chinois ou étranger…

Nujiang, le Fleuve déchaîné

Littéralement, le Nujiang (怒江) se traduit comme « Fleuve Déchaîné », même si étymologiquement il porte simplement le nom de l’ethnie majoritaire, les Nu (怒). Ces derniers sont quelques dizaines de milliers à peine, vivant plus vêtus que leur nom ne paraît l’indiquer.

Et le fleuve porte bien son nom: il est comme coincé aux confins de la Chine, à portée d’arc de la Birmanie, roulant ses flots tourbillonnants au fond de gorges difficiles d’accès.

C’est l’un des lieux de Chine les plus reculés. Une route unique le remonte, quatre cents kilomètres vers le Nord qui serpentent accrochés aux montagnes qu’il a creusées. Des Pères Jésuites, venus du Tibet, traversèrent ces montagnes à la fin du XIXe siècle pour y porter la bonne parole. Depuis, l’isolement de la région l’a coupée d’autres influences.

En aval, il arrive ensuite en Birmanie, où il devient le fleuve Salween et se jette dans la mer d’Andaman. Il suit alors un trajet parallèle au fleuve Irrawaddy, dont je vous parle dans cet article sur mon voyage en Birmanie.

Je pars avec quatre amis. Quel mélange de traditions ethniques et de catholicisme y découvrirons-nous?

Arrivée à Kunming

Nous atterrissons à Kunming, la capitale de la province chinoise du Yunnan. Une erreur de coordination avec notre guide nous laisse une journée sur place. Nous découvrons la Forêt de pierres (石林), à une centaine de kilomètres en minibus (j’en parle plus dans cet article).

Les désalignements sont improbables, les chemins entre les élévations rocheuses sont dédaléens. L’afflux des touristes et leur agglutinement aux points nodaux se transforme, sous l’effet d’une pluie légère, en un cortège de parapluies multicolores.

Trajet de Kunming à la vallée du Nujiang

Le soir, nous prenons de la gare routière ouest (西部客运站) le bus de nuit pour Liuku, la ville qui commande la vallée du Nujiang. Après 11 heurs de trajet, nous louons une voiture avec chauffeur, pour huit heures de route vers le Nord.

La route se termine à Bingzhongluo (丙中落), une heure après Gongshan (贡山), la dernière ville de la vallée. Les transports publics ne vont pas plus loin. Nous sortons de 11+8 = 19 heures de mouvement motorisé.

Nous nous dégourdissons les jambes dans la ville minuscule. L’unique rue est digne d’un western – dans l’air que l’altitude et le soir rafraîchissent.

Soirée à Bingzhongluo

Comme dans toute ville de campagne chinoise, on retrouve les mêmes commerces: boui-bouis, quincailleries, boutiques de téléphones, alimentations… Dans le cadre large des hautes montagnes, l’air est dense, presque silencieux perturbé des sons du soir. Une moto qui se gare, une négociation qui s’échauffe, des ânes que l’on hâte.

Notre guide, Aluo, habite dans le village voisin de Dimaluo (迪麻洛), à quelques heures de moto en passant par Gongshan. Il a acquis récemment un café dans le village de Bingzhongluo. Nous y dînons délicieusement.

Au programme des jours à venir: six jours sur les traces des  Pères jésuites. C’est la première fois, nous dit notre guide, qu’il emmène des étrangers sur cet itinéraire. Ce n’est pas pour nous rassurer. Nous monterons vite, nous monterons haut, de col en col. Mais pour l’heure nous ne savons rien de ce qui nous attend, car nous n’avons ni carte, ni photographies, ni récit d’un itinéraire au cœur de l’inconnu.

Comme je l’avais fait pour mon Voyage dans le Guizhou et le Guangxi ainsi que pour l’aventure de Deux pékins dans le Yunnan, je vous propose un récit à suivre jour par jour.

Pour le dernier voyage de cette année passée en Chine, n’oubliez pas le guide.

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:Arrivée au Yunnan: Kunming et la Forêt de pierres >>

Laisser un commentaire