Mao, en plus d’occasionellement purger ses amis à l’aide d’un bon clystère idéologique, était à ses heures bon poète et calligraphe. L’un de ses plus beaux poèmes le met en scène à Changsha, la ville de ses débuts communistes mais aussi celle où il a étudié.

Nous sommes en 1925, Mao a 32 ans. Quatre ans plus tôt il était parmi la bande d’hurluberlus qui fonda le Parti Communiste Chinois dans la Concession française de Shanghai. La République de Chine, fondée en 1911, s’est effondrée ou presque, la Chine est déchirée entre les seigneurs de la guerre, et personne n’imagine que le PCC, quatre-vingt-dix ans plus tard, comptera plus de 80 millions de membres.

沁园春 – 长沙

独立寒秋,湘江北去,橘子洲头。
看万山红遍,层林尽染,漫江碧透,百舸争流。
鹰击长空,鱼翔浅底,万类霜天竞自由。
怅寥廓,问苍茫大地,谁主沉浮。
携来百侣曾游,忆往昔峥嵘岁月稠。
恰同学少年,风华正茂,书生意气,挥斥方遒。
指点江山,激扬文字,粪土当年万户侯。
曾记否,到中流击水,浪遏飞舟。

Pour les sinisants, voici le pinyin du poème:

qìn yuán chūn – Chángshā
沁 园 春 – 长沙

dúlì hán qiū, xiāngjiāng běi qù, júzǐzhōu tóu.
独立 寒 秋, 湘江 北 去, 橘子洲 头 。
kàn wànshān hóng biàn, cénglín jìnrǎn, màn jiāng bì tòu, bǎi gě zhēngliú.
看 万山 红 遍, 层林 尽染, 漫 江 碧 透, 百 舸 争流 。
yīng jī chángkōng, yú xiáng qiǎndǐ, wànlèi shuāngtiān jìng zìyóu.
鹰 击 长空, 鱼 翔 浅底, 万类 霜天 竞 自由 。
chàng liáokuò, wèn cāngmáng dàdì, shéi zhǔ chénfú.
怅 寥廓, 问 苍茫 大地, 谁 主 沉浮 。
xiélái bǎi lǚ céng yóu, yì wǎngxī zhēngróngsuìyuè chóu.
携来 百 侣 曾 游, 忆 往昔 峥嵘岁月 稠 。
qià tóngxué shàonián, fēnghuázhèngmào, shūshēng yìqì, huīchì fāng qiú.
恰 同学 少年, 风华正茂, 书生 意气, 挥斥 方 遒 。
zhǐdiǎn jiāngshān, jīyáng wénzì, fèntǔ dàngnián wànhùhóu.
指点 江山, 激扬 文字, 粪土 当年 万户侯 。
zēng jì fǒu, dàozhōng liújī shuǐ, làng è fēizhōu.
曾 记 否, 到中 流击 水, 浪 遏 飞舟 。

Changsha

Je suis seul dans le froid de l’automne,
La rivière Siang coule vers le Nord,
Outre l’île de l’Orange.

Je vois dix mille montagnes, rouges
Des arbres aux teintes vives;
L’eau est pure comme le jade,
Cent barges se bousculent dans le flot.

Les aigles fendent le ciel,
Les poissons glissent sur les hauts-fonds,
Ciel de givre: dix mille espèces vont vers leur liberté.

Le coeur triste,
J’interroge la terre immense:
Qui préside à nos joies et nos peines?

J’étais ici avec cent compagnons
Et ces années, je me souviens, furent grandioses.

Nous étions jeunes camarades,
Tous dans la fleur de l’âge,
L’esprit vif et curieux,
Nous repoussions toutes les limites.

Nous désignions les fleuves et les montagnes,
Nous faisions des discours enflammés,
Le sol fangeux valait tous les puissants du monde.

Te souviens-tu?
Nous ramions au milieu du fleuve
Et les vagues soudain coupaient net notre élan…

Mao en 1925 (Source:http://maopic.wordpress.com/category/memorial-publication/ )

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