Le Mexique vient de sortir de 35 ans de porfirismo, l’équivalent mexicain de Deng Xiaoping en termes de modernisation économique rapide et de verrouillage politique total. Dans cette première moitié du XXe siècle, la nouvelle démocratie se cherche une identité.

A cette époque où Coca Cola et McDonald’s ne suffisent pas à faire d’un pays une culture, le ministre des affaires culturelles, José Vasconcelos, a l’idée de commanditer des fresques monumentales à plusieurs artistes mexicains.

L’idée fait école, et on trouve à présent des fresques un peu partout, comme par exemple dans ce qui est maintenant une Ecole des Beaux-Arts: Orozco a recouvert de son trait vigoureux la coupole et les plafonds du bâtiment central.

A quelques blocs de là, sur le plafond du grand escalier de l’hôtel de ville de Guadalajara, les idéologies sont écrasées par Miguel Hidalgo, le prêtre qui initia la révolution mexicaine quand Napoléon envahit l’Espagne…

Mais l’une des plus remarquables de ces fresques fut peinte par Diego Rivera, l’ami de Frida Kalho, et se visite à Mexico. Elle met en scène, en couleurs vives, les personnages grands et obscurs qui firent l’histoire du Mexique moderne.

Tout à gauche, on devine Cortés et la Grande Inquisition. A gauche des ballons, le buste de Benito Juarez se détache de la foule: le républicain intègre qui donna le coup d’envoi à la démocratie mexicaine. Porfirio Diaz, l’autocrate qui lui succéda, est en uniforme juste à droite du ballon, et sa femme et sa fille sont les deux élégantes en robes rouge et bleue.

Au centre de la fresque, Quetzalcoatl, le dieu Serpent à plume.

A la droite du dieu, charité bien ordonnée, Diego Rivera s’est représenté en jeune garçon. La femme en rouge qui lui tend un symbole de Yin et Yang, c’est Frida Kalho.

Un peu plus à droite, une femme locale vêtue de jaune vif provoque un policier, tandis qu’en toile de fond, un homme en ballon préfigure la modernité.

Le Mexique de cette fresque passe ensuite par des années sombres. Des familles sont expulsées sans ménagement:

Un cavalier à sombrero figure le mouvement Zapatiste, qui se réclame du révolutionnaire Ernesto Zapata pour contester le pouvoir central. Ce mouvement est encore actif aujourd’hui, dans l’est des collines du Chiapas.

Et la fresque se termine sur un mélange d’espoir et d’échecs. Un étudiant en droit qui ricane représente la classe des profiteurs… tandis qu’en haut, Francisco Madero – le démocrate qui succéda à Porfirio Diaz – se détache devant le drapeau mexicain. Autour de lui, cependant, un millionnaire et des politiciens véreux conspirent.

Pour tout vous dire, on n’échappe nulle part à ces magnifiques fresques, même quand on va pisser.

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:<< Villages ethniques du Chiapas: catholicisme à la sauce mayaCantona: panoramas d’une cité perdue >>

Laisser un commentaire