Dongzhimen. Je travaillais à deux pas, j’y suis passé matin et soir pendant un an. Il y a de nouveaux grands immeubles, mais l’atmosphère est inchangée: avenues XXL – dans chaque sens 4 voies de circulation, 1 pour les vélos, 3 pour les piétons – , barrières blanches en métal pour rendre impossible la traversée, forêt d’immeubles, et cet immense rond-point sans feux…

Il pluviote, il fait moins chaud que dans le Hunan, c’est agréable. Je saute dans un taxi pour Nanluoguxiang, un quartier de hutongs – ces ruelles et maisons basses – où j’habitai.

Là des chantiers gigantesques sont en cours. Une nouvelle ligne de métro va y passer. Des blocs entiers de maisons traditionnelles, sales et sans l’eau courante, sont rasés et reconstruits en toc. L’air est chargé de pollution et de poussière de chantier.

La première auberge dont je pousse la porte loue ses chambres 500 kuai (60€). 10 m2. Je m’installe dans une guesthouse sur Nanluoguxiang et je pars faire mes emplettes.

Sur le chemin, je sonne chez mon ancienne voisine, à tout hasard, mais personne ne répond. Je laisserais bien ma carte avec un coin plié, pour dire que je suis passé.

Le canal au bout de la rue a été bien arrangé, avec massifs de plantes, promenade pavée, pontelets de bois en zigzags et tout le tralala. Ma blanchisseuse est toujours là, dans sa boutique minuscule à l’entrée d’un immeuble gris.

J’achète des petits gâteaux en pâte feuilletée sur l’avenue Di’anmenei, là où souvent j’allais. C’est toujours délicieux, mais le Hunan m’a coupé l’appétit. J’ai ingéré depuis ce matin trois madeleines et un thé rouge glacé, et là je jette la moitié de ce que j’achète. Il y a des papillons de pâte feuilletée, des choux à la crème (très sucrés!) et, le meilleur, des palmiers au raisin.

Je longe Houhai, le lac au Nord du Nord, nappé d’une brume humide. Des escouades de barques à moteur et de pédalos croisent et se croisent en silence, cherchant l’économie de geste comme celui qui dans la chaleur évite l’inutile. Toujours beaucoup d’étrangers dans le coin.

Je marche jusqu’à Qianmen, la porte du Sud. Quand je traverse le Sud de la Cité interdite, un bataillon de soldat la quitte au pas en chantant. Les derniers rangs tirent au flanc, comme des footballeurs français pendant une Marseillaise.

En revoyant l’intérieur de la Cité interdite – un bâtiment ennuyeux d’ailleurs, car il a perdu son usage et ses symboles – je suis frappé par la force de son fronton: simple et rouge, monumental. Pas d’innovation dans la forme ou les éléments, mais une proclamation de puissance que cette enceinte rouge massive.

Foule sur Tian’anmen. Les flux de visiteurs sont contrôlés strictement. Les sacs passent un contrôle de forme, si l’on veut entrer sur la place.

A Qianmen j’achète du thé. Une bonne partie du quartier était déjà « rénovée » façon Disneyland il y a deux ans. A présent, les premiers bâtiments bling-bling commencent à décrépir sous l’assaut de la poussière.

Chez nous c’est avec du vieux qu’on fait du neuf; ici c’est le contraire.

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