Ce qui frappe aux abords de Persépolis c’est le désert. Plaine et montagnes, rien ne s’éloigne du jaune et de l’ocre, hormis parfois un champ incongru, hors de propos.

L'arrivée par Naqsh-e Rostam

Quelques kilomètres avant Persépolis, les tombes de quatre rois Perses (dont Darius) sont gravées, monumentales, dans une falaise, à Naqsh-e Rostam. Une croix de vingt mètres de haut, au centre une ouverture donnant sur le caveau, au pied quelques fresques de couronnement et de victoire sur les Romains (les Perses ont quand même vaincu trois empereurs): les quatre tombes défient la plaine écrasée de soleil depuis plus de vingt siècles. Good luck aux visages des présidents américains gravés sur le mont Rushmore; qu’ils durent autant de siècles.

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Persépolis, capitale d'un empire multiethnique

De la ville basse de Persépolis il ne reste rien. De la ville haute – palais brûlés par Alexandre – il reste de quoi imaginer ce que fut Persépolis.

Persépolis est la capitale d’apparat voulue par Darius Ier, qui hérite en -522 de Cyrus II le Grand d’un empire qui s’étend de la Mésopotamie à l’Ouest jusqu’à l’Inde et au Turkestan à l’Est. A cet empire (achéménide) Darius donne une administration solide et tel Vladimir Poutine il l’étend en Scythie (Roumanie et Ukraine), en Thrace et en Macédoine.

Malgré les deux défaites perses face à Athènes, les Achéménides maintiennent leur empire gigantesque jusqu’à l’arrivée d’Alexandre en -331.

Depuis le tombeau d’Ataxerxès II, qui surplombe les palais, les dimensions du site paraissent colossales. Des palais il ne reste que quelques colonnes, des portes de passage, et la monumentale « Porte des Nations » par laquelle on accédait aux palais. L’imagination tente de relever les colonnes, de rebâtir les murs, de repeupler l’espace d’une foule de militaires, de dignitaires, de fonctionnaires…

Le plus beau vestige du site est une série de fresques admirablement conservées: aux symboliques animales héritées des Mésopotamiens (la figure fréquente du lion dévorant le taureau symbolise le Nouvel an), s’ajoute un exercice remarquable de construction de l’Empire: aux gardes de l’Empereur (les Immortels, toujours au nombre de 10000) font face les nobles – les premiers sont identiques les uns aux autres, les derniers différent par leur habillement et par leurs poses.

Mais surtout, un cortège de toutes les Nations défile vers Darius: 23 peuples avec leurs armes et leurs présents, menés chacun par un Perse ou par un Mède: Arméniens, Susiens avec une lionne, Lydiens, Babyloniens, Aryen avec une Peau de léopard, Cappadociens, Assyriens, Ioniens (Grecs d’Asie mineure), Egyptians, Bactriens avec un chameau, Parthes, Indiens, Arabes avec un dromadaire, Libyens avec une antilope, Éthiopiens avec des défenses d’éléphant…

A la mort d’Alexandre l’empire perse se morcelle; il faut attendre le règne de Shah Abbas Ier, au XVIe siècle soit près de deux mile ans plus tard, pour que la Perse retrouve une extension comparable à celle des heures de Persépolis.

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