L’Ausangate… « Le plus beau trek du Pérou », « plus beau que le Torres del Paine », « des paysages à couper le souffle », « d’une variété incroyable », « le paradis des lamas », « sans aucun touriste », « des cols de 5000 mètres entre des pics de 6000 mètres ».

Ceux qui ont fait le Tour de l’Ausangate en parlent avec des étoiles dans les yeux. Il me reste cinq jours pour randonner dans la région de Cuzco avant de prendre mon vol de retour. Je pars faire le Tour de l’Ausangate en autonomie.

Choisir sa randonnée au Pérou

Avant de choisir je mène mon enquête. Le Pérou est, avec le Népal, la Mecque des grandes randonnées: le choix est pléthorique, mais je veux terminer mon voyage par une randonnée qu’on n’oublie pas. Alors j’interroge les backpackers que je rencontre pendant les deux premières semaines de mon voyage. En croisant leurs impressions, je me fais une idée des randos les plus (par)courues.

Il y a deux grandes régions de randonnée au Pérou:

  • Au Nord de Lima autour de Huaraz dans la Cordillère blanche: faute de temps j’ai fait l’impasse sur ce massif, mais il regorge de randonnées incroyables: la « Laguna 69 » à la journée (ou avec un bivouac d’une nuit), le Santa Cruz en 3-4 jours (que tout le monde fait…) ou, plus ambitieux, le tour de l’Alpamayo ou de la Cordillère Huayhuash, qui se font en une dizaine de jours. Mon prochain voyage au Pérou, ce sera peut-être pour faire l’un de ces deux grands treks!
  • Autour de Cuzco et du Machu Picchu: passage obligé du touriste, cette zone montagneuse regorge de randonnées pour tous les goûts. C’est là que je concentre ma petite enquête.

Je songe d’abord au Choquequirao, alléché par des récits enthousiastes sur des blogs (ici, ici ou encore ici).

C’est un Machu Picchu en cours de déblayage, auquel on accède par deux jours de randonnée – et donc préservé des hordes de touristes. A ce qu’on me dit, le site est magique, mais la randonnée en elle-même est un peu pénible: une grosse dénivelée (il faut changer de versant: on descend mille mètres, on les remonte, et idem au retour), des versants où le soleil claque, des nuées de mouches des sables (on ne sent pas la piqûre mais ça gratte pendant une semaine).

Le premier jour on descend dans la vallée. Le deuxième jour on monte jusqu’au site et les courageux le visitent. Le troisième jour il y a trois option: (i) visiter et redescendre sur ses pas (pour rentrer au point de départ le quatrième jour en remontant), (ii) descendre tôt le matin pour éviter la canicule et remonter l’après-midi (possible mais super pénible), et (iii) visiter et continuer en descendant vers le Nord et vers le Machu Picchu dans la vallée suivante pour remonter à nouveau le quatrième jour et prendre un bus « raccourci » pour le Machu Picchu.

carte-choquequirao
Une petite carte trouvée sur internet (oublié le nom du site hélas…)

Si j’avais eu trois jours de plus j’aurais choisi cette dernière option: quatre jours de randonnée pour se rapprocher du Machu Picchu, ça me semble une approche sympa.

Ensuite, il y a bien sûr le Chemin de l’Inca (Inca trail): quatre jours de randonnée ponctués de ruines pour accéder au Machu Picchu. C’est le seul trek qui permette d’accéder à l’entrée du site du Machu Picchu sans prendre ni bus ni train.

On me dit que c’est magnifique, mais (i) ça se fait en groupe (donc pas de liberté ni de solitude…) et (ii) il faut réserver trois ou quatre mois à l’avance et payer dans les 400 dollars. Donc ce n’est pas une option pour moi…

L’autre option de repli dans le voisinage du Machu Picchu, c’est le trek du Salkantay. Comme le Choquequirao, il nécessite de prendre un bus à la fin pour accéder à l’entrée du site. A ce qu’il paraît, c’est assez joli, pas trop dur et ça prend 4-5 jours. Cela dit, personne ne m’en parle avec un enthousiasme délirant.

Le Tour de l’Ausangate

Et il y a le Tour de l’Ausangate. Une des plus belles randonnées du monde, mais surtout une randonnée qui donne les larmes aux yeux à ceux qui me la racontent. On me promet des paysages à couper le souffle, d’une variété époustouflante, des pics enneigés, des cols privés d’oxygène, des lacs aux couleurs irréelles, des camaïeux de roches volcaniques, des dénivelées modérées malgré l’altitude, et aucun touriste – surtout des lamas en fait.

J’avais peur qu’on ne me l’ait survendu… Eh bien non. Quatre jours après avoir pris le bus de Cuzco à Tinki – le point de départ à 3800 mètres – je suis dans le bus de retour.

Épuisé, pas rasé, pas lavé, je laisse les panoramas défiler dans ma tête avant de tomber de sommeil.

La lente montée le premier jour dans un air raréfié vers le premier camp près des sources chaudes.

La (très) mauvaise première nuit à 4200 mètres, le premier (pas si) « petit » col le lendemain monté à une allure de vieillard ou de scaphandrier.

La bouille sympathique des premières vigognes en troupeau paisible.

Les versants aux couleurs telluriques – jaunes, oranges, rouges, gris…

Les grands lacs d’émeraude à la surface calme.

La pointe abrupte de l’Ausangate à 6384 mètres et les glaciers qui couvrent ses pentes et s’effondrent en grands craquements sonores.

L’angoisse du « chemin » perdu puis retrouvé, l’essoufflement des cols à 5000 mètres d’altitude et ces panoramas de géant silencieux qui embrassent un massif entier.

Les petites fermes saupoudrées dans les vallées et les pâtres quechua qui les habitent.

Les chiens qui marquent leur territoire d’aboiements féroces.

Les plaines inondées (« bofedales ») où paissent les moutons alpaga et les vigognes, et qu’on doit contourner pour ne pas s’y enfoncer.

Les ruisseaux d’eau claire qui dévalent les pentes depuis les glaciers.

Le froid soudain des crépuscules dès que le soleil passe derrière les montagnes et la chaleur vibrante des matins ensoleillés.

Les nuits mauvaises et sans fin.

Le goût amer des feuilles de coca qu’on recrache de côté.

L’immense descente finale, de 5200 mètre au plancher des vaches à 3800 mètres, entre des pierriers vertigineux, des sommets obliques à la Dali et des vasques à l’eau claire couleur d’émeraude.

Et le retour à l’humaine présence parmi les paysannes en habit traditionnel – couleurs vives des grands jupons, coiffes se balançant, tricot à la main et sourire aux lèvres.

L’Ausangate.

La suite, récit et conseils pratiques, c’est ici.

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:<< Conseils pratiques: voir le Machu Picchu et survivreTour de l’Ausangate en autonomie: récit et conseils pratiques >>

Cet article a 10 commentaires

  1. Marie

    Bonjour Aurélien !

    Un gros merci pour ton article que j’ai trouvé fort intéressant et qui me donnait ne même temps une idée du genre d’endroit que visite mon fils en ce moment ! Ils allaient visiter les eaux thermales puis ensuite, ils allaient faire un tour dans le haut de la montagne mais je n’en sais pas plus.. Après avoir lu ton article, mes yeux aimeraient maintenant voir ce qu’ils vont voir ! 😉 J’ai beaucoup aimé la façon dont tu as décrit les paysages et les gens que tu as rencontré au cours de ce merveilleux voyage ! Je  »voyais » ce que tu décrivais alors, Bravo !

    1. Aurélien

      Merci beaucoup Marie! Je t’encourage à y aller et notamment à visiter les alentours de Cuzco! Les paysages sont à couper le souffle, l’architecture inca est stupéfiante et il y a des trajets pour tous les niveaux physiques. C’est vrai que c’est loin, mais en s’y prenant bien à l’avance on peut trouver des billets d’avions abordables et la vie sur place est peu chère. C’est l’un des beaux voyages que j’aie faits!
      Aurélien

      1. Marie

        Bonsoir Aurélien !

        Merci de ton commentaire !
        Pour quelque comme toi qui semble avoir beaucoup voyagé; de lire que c’est le plus beau voyage que tu aie jamais fait est vraiment convaincant !! Hahaha ! Je compte bien aller un jour visiter ce merveilleux pays d’autant plus que mon fils y vit depuis maintenant 7 ans (à Lima) et lui et sa famille projettent d’aller s’installer à Cuzco car il aimerait beaucoup devenir guide suite à une première expérience (un accompagnement qui se voulait plus d’ordre spirituel) d’une durée de 3 sem. dans la région de Cuzco entre autres et de visites de sites hautement énergétiques sous la guidance d’un guide/chaman.
        Je me permet ici Aurélien de te donner son nom, il s’appelle Étienne Bournival (et il vient du Québec). On ne sait jamais; peut être qu’un jour, voyant ses post sur Instagram et/ou sa page web (lorsqu’il l’aura terminé), tu pourras lui référer des personnes.
        J’espère que tu ne seras pas fâché de cela et que tu comprendras que c’est mon coeur de maman qui parle et souhaite l’aider dans ses démarches pour débuter son rêve avec ce projet ! 😉

         » Très bonne année 2019 à toi et je te souhaite encore tout plein de merveilleuses aventures et de
        découvertes fabuleuses lors de tes prochains voyages !  »

        Au plaisir de lire tes prochaines aventures de voyage !

        Cordialement,

        Marie D.

  2. Anne-Sophie Roux

    Salut. Merci pour ton beau partage d’information.
    Quelles seraient les noms des meilleures randonnées avec un bon niveau de difficulté pour deux jeunes randonneurs connaissants qui aiment les défis?

    Merci

    1. Aurélien

      Bonjour Anne-Sophie,

      Mon expérience pratique est limitée (n’ayant fait qu’une vraie rando au Pérou), mais au fil de mes recherches, je peux déjà te recommander le livre Trek au Pérou de Vincent Geus: il était dans la bibliothèque de mon auberge de jeunesse à Cuzco et m’a donné des indications précieuses pour le tour de l’Ausangate.

      Ensuite, il faut choisir entre les deux grands massifs: la zone de Cuzco et la Cordillère blanche (vers Huaraz). Tous deux regorgent de parcours magnifiques. La dénivelée n’est pas forcément très importante, mais l’altitude souvent élevée est une difficulté en soi, le temps de s’acclimater.

      Vers Cuzco, j’ai fait le tour de l’Ausangate, rando sublime en 4 jours (cols à 5100m). Le Salkantay dure aussi 4 jours, est plus fréquenté, moins élevé et moins isolé, et permet d’arriver vers le Machu Picchu. Le Trek de l’Inca (4 jours) est parait-il très beau mais il se fait forcément avec agence, guide et porteurs et doit se réserver très à l’avance.

      Vers la Cordillère blanche, ceux qui ont peu de temps font le trek de Santa Cruz (4 jours, col à 4800m) qui donne un bel aperçu; mais le tour de l’Alpamayo (10 jours) ou de la cordillère Huayhuash (10 jours aussi) me semblent des randonnées incroyables dans cette région (peut-être pour un prochain voyage!).

      Je vous souhaite bonne chance, tenez-moi au courant du choix que vous ferez!

      Aurélien

  3. Marie D.

    Bonjour Aurélien !

    Je t’avais déjà écris un commentaire à l’automne 2018, sur ton Tour de L’Ausangate !
    Je te reviens avec l’adresse de la Facebook de Quetalpaca (nouvelle agence de voyage sur mesure) d’Étienne Bournival (mon fils) qui propose maintenant des tours guidés. J’ai mis le lien de sa page de présentation, si tu es intéressé de lire un peu de son vécu et ce qu’il offre. Tes lecteurs/visiteurs pourront ainsi avoir une référence si jamais ils recherchent ce genre de guidance pour un voyage futur ! Voici le lien de sa page: https://www.facebook.com/pg/quetalpaca/about/?ref=page_internal

    Merci Aurélien car en me permettant de publier son adresse ici, tu contribue à favoriser le départ d’un nouvel entrepreneur !
    Bonne continuation de ton côté !

    Au plaisir de te lire à nouveau,

    Marie D.

    1. Aurélien

      C’est une belle aventure, bonnes randonnées pour la suite!

      1. Marie D.

        Allo Aurélien ! Merci pour ton commentaire et te souhaite à toi aussi de très belles futures aventures ! 😉

  4. Vincent Jeandemange

    Bonjour,
    Très belle description du trek de l’ausangate. Je suis très intéressé par cet itinéraire !
    Aussi, j’aimerais savoir comment tu as procédé pour trouver un guide, ou si tu en as eu besoin ? Et de ce fait, la fourchette de prix?

    Merci d’avance
    Vincent

    1. Aurélien

      Bonjour Vincent!
      Merci beaucoup pour l’encouragement! Pour le guide, tu peux en trouver au village de départ, à Tinki, en t’organisant quand tu y arrives. Tu peux soit prendre un guide (et porter ton sac), soit embaucher un muletier, qui servira aussi de guide. Je n’ai plus le prix en tête (je l’avais fait sans guide), mais dans mes souvenirs c’était vraiment très peu cher.
      Bien à toi,
      Aurélien

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