Dans cet article je vous parle de quelques-uns des plus beaux endroits de Taïwan: évidemment un passage au Musée national, mais aussi de belles randonnées !

Il n’y a rien de plus étrange que cette île de Taiwan. Un gros caillou, couvert de jungle, balayé par les ouragans, au large de la Chine continentale. Pas de ressources particulières. Pas une plaque tournante du commerce comme ont pu l’être Hong Kong ou Singapour. De la roche et beaucoup, beaucoup de pluies.

Il a fallu que les Nationalistes chinois, défaits par leurs adversaires communistes, s’y réfugient en 1949 pour que Taiwan prenne un destin particulier. D’étroites relations avec les Etats-Unis, une intense politique de développement de l’industrie électronique, et voilà Taïwan propulsée dans la modernité.

Mathieu, un ami de longue date, vit à Taiwan depuis plusieurs années; avant que nous ne partions ensemble voyager au Japon, j’y fais une halte de quelques jours.

Au menu: plage, randonnée, musée et raviolis!

Jour 1: la plage à la mode taïwanaise

Mon avion atterrit à 4h30 du matin; je prends la navette pour le centre-ville, puis le métro. Sorti de la station j’ai un peu de mal à trouver où habite Mathieu… Je me perds dans des ruelles avec de petites maisons…

Taipei dans ce quartier ressemble à cela:

Je trouve la maison, je rentre, je monte, je sonne, mais ça ne répond pas… Je n’ai pas encore de forfait téléphonique mais j’ai l’idée de me connecter au wifi, et hop! Mathieu m’indique où était cachée la clef, et je l’attends à l’intérieur.

Pour ce premier jour, on part à la plage!

Nous partons à cinq, pour une heure de voiture jusqu’à la plage de Baishawan.  Je ne sais pas trop à quoi m’attendre… Est-ce que ce sera une plage tropicale idyllique? ou bien une pataugeoire?

Il fait un temps de plage parfait: ensoleillé, un peu lourd, et je suis décalqué de mon vol.

Et c’est à la fois idyllique et pataugeoire. Le cadre tropical, le sable clair, la mer chaude sont bien idylliques; mais la pataugeoire est aussi là: des dizaine de Taïwanais s’amusent les pieds dans l’eau avec les accessoires qu’ils viennent d’acheter aux boutiques en bord de plage. Quand on va nager un peu loin (= sans avoir pied), les maîtres-nageurs sifflent: ils ont bien raison, qu’est-ce qui prouve que nous sachions nager?

Nous finissons à journée au marché de nuit de Shilin: ambiance de bazar comme on les aime, avec des mixtures étranges en train de frire dans l’huile ou aux couleurs flashy…

Jours 2&3: les gorges de Taroko

Je demande à Mathieu quel est le plus bel endroit de Taiwan pas trop loin de Taipei. Il me répond les gorges de Taroko et la route côtière qui y mène, accrochée à la falaise. C’est sur la côte Est de Taiwan, à peu près à mi-hauteur (Taipei étant au Nord).

Il me prête son permis scooter. On se ressemble très (très) vaguement sur la photo: on est Blancs tous les deux.

Le trajet aller pour les gorges de Taroko

Je prends d’abord le métro, puis quelques heures de bus, jusqu’à la petite ville de Su’ao: elle est au Nord de la plus belle section de route. J’y arrive vers 16h et je me mets  en quête d’une boutique où louer un scooter. Cela ressemble à une petite ville chinoise: des immeubles bas, au rez-de-chaussée des boutiques. Il pleuvait un peu, l’atmosphère était chargée d’eau.

Je marche sur la rue principale jusqu’à un magasin de scooters.

Mon chinois est bien rouillé, mais je leur explique que je souhaite louer un scooter pour deux jours. Je montre le permis, ils s’étonnent que je parle si mal chinois après avoir vécu 5 ans à Taiwan – je leur des que je travaille pour une entreprise étrangère… Ils ne sont in fine pas trop regardants, et ils me font remplir les papiers – j’ai un peu de mal avec les caractères chinois de mon prétendu nom… Ils me prêtent aussi une sorte de poncho, pour la pluie.

Le moment de vérité est toujours celui où on démarre le scooter. Il ne faut pas avoir l’air de ne pas savoir conduire… Je m’en sors comme il faut et je prends la direction des gorges de Taroko. La propriétaire de la boutique m’a bien expliqué qu’il fallait faire le plein d’essence à mi-chemin (enfin, c’est ce que j’avais compris…); comme la jauge est cassée, je le fais deux fois dans chaque sens pour être bien sûr…

J’en ai pour 3 ou 4 heures de scooter. La première heure il ne fait pas trop mauvais. La circulation est dense, en revanche, et je suis sans cesse dépassé par des voitures, motos et gros camions. Je peste un peu. Mais le paysage est beau: la route monte et descend, la mer en contrebas.

Au bout d’une heure ça se gâte: il se met à pleuvoir de nouveau, d’abord à fines gouttes, puis une bonne pluie tropicale. Je me gare sur le bas côté et j’enfile le poncho. Je dois avoir l’air bien ridicule… Je mets aussi mes affaires au sec dans le petit coffre.

Mais une demi-heure plus tard, je rencontre un embouteillage. Je double les voitures une par une jusqu’à remonter à la tête. Ce sont des travaux. Une coulée de boue a traversé la route, et des ouvriers s’affairent à la déblayer. Ça dure dix, vingt, trente minutes… La pluie chaude continue à tomber. Et surtout le jour faiblit. Je commence à voir le moment où je devrai conduire de nuit sur cette route étroite, sinueuse et fréquentée…

Après trois quarts d’heure le trafic reprend. Mais ce n’est plus l’agréable chanson du début: il pleut fort, les gens roulent vite, et je ne suis pas sûr d’arriver avant la nuit. De temps à autre je m’arrête pour vérifier mon avancée sur le plan. Il me reste une longue route.

Au crépuscule il me reste encore une heure de route jusqu’aux gorges. J’hésite à m’arrêter, mais je ne traverse que des villes minières ou industrielles, toutes de béton et d’acier, fantasmagoriques dans le jour qui finit. Je décide de continuer jusqu’au tout début des gorges, où il semble y avoir quelques hôtels.

La conduite est terrifiante. La pluie m’a trempé et je commence à avoir froid. Les phares des camions sans cesse me dépassent. Je suis totalement concentré sur la chaussée, pour tenir ma route, ne pas déraper, ne pas être inattentif. Les minutes me paraissent interminables.

A dix kilomètres de mon objectif, les choses empirent. La chaussée est complètement inondée; les voitures la traversent au pas, leurs pneus enfoncés dans l’eau. Avec mon scooter j’avance à l’allure minimale pour rester stable. Des gerbes d’eau me noient les pieds et les chevilles. Il fait nuit noire.

Lorsque je suis presque arrivé, la pluie redouble encore – c’est à peine imaginable. Je suis à un carrefour, je gare mon scooter sous un auvent et je me réfugie dans une supérette 7/11. Il y en a partout à Taïwan. Et elles ont le wifi. Je me connecte et je cherche un hôtel dans le coin. J’en avise un à quelques kilomètres.

J’attends que la pluie faiblisse, et au bout de vingt minutes je me convaincs de repartir. Heureusement la route est bien éclairée ici, et la circulation est moins dense.

Je me gare au pied du panneau électrique de l’hôtel, j’extirpe mes affaires du coffre et je me réfugie à l’intérieur. Ils me donnent une chambre spartiate. Je trouve ça royal. Je me déshabille complètement et je prends une douche brûlante. Puis je mets mes habits secs prévus pour le lendemain. J’allume la clim en mode chaleur et j’y dispose mes habits dégoulinants d’eau pour les faire sécher.

Puis je prends mon parapluie et j’affronte les cinquante mètres qui me séparent du plus proche restaurant. C’est le plus banal restaurant chinois du monde: de grandes tables rondes en plastique, avec un ou deux groupes de convives dans un coin, la télé allumée, quelques bannières de Nouvel an. Je suis affamé. J’engloutis ce qu’ils me servent.

Avant de me coucher je vérifie l’étendue des dégâts. Mon précieux appareil photo est resté à peu près sec. C’est l’essentiel.

Les gorges de Taroko

Le lendemain je me lève tôt. Temps magnifique: une autre dimension. Je rempaquète mes affaires, sèches; je paie; et je pars sur mon petit scooter vers l’intérieur des terres. Ceintures et bretelles, je refais le plein en passant.

Le parc national des gorges de Taroko s’enfonce de 10 ou 20 kilomètres vers l’intérieur de l’île. Des petits temples et des balades sont clairsemés le long de la spectaculaire route des gorges.

Cette route est vraiment ce qu’il y a de plus beau dans le parc: creusée dans la roche, entre des parois verticale, au-dessus des flots bleu ciel tumultueux de la rivière qui dévale les gorges.

Je ne suis pas le seul à apprécier ces beautés, et je les partage notamment avec une troupe de motards taïwanais… On rencontre de tout!

J’ai pris une carte des gorges à l’entrée, et je les remonte en m’arrêtant systématiquement dès qu’un point d’intérêt ou une balade sont indiqués.

Dans l’ensemble je suis un peu déçu: une bonne proportion est fermée, et les sentiers ouverts sont vraiment très, très faciles (rien de plus d’une heure). Il y a une randonnée de 5-6 heures qui semble belle (Zhuilu Old Trail), mais il aurait fallu réserver la veille.

La première balade (Shakadang trail) chemine en encorbellement des gorges le long d’un affluent, puis se prolonge en remontant son cours rocheux.

Mon deuxième arrêt est pour contempler quelques temples (temples Changchun); hélas d’en bas, vu que leur accès est fermé.

En continuant de remonter cette très belle route, j’arrive au hameau de Tian Xiang: un hôtel basique (où je passerai la nuit), une belle vue, un temple bouddhiste.

Comme il est encore tôt, je continue au-delà de ce hameau. Je crois déceler un début de balade (en escaladant une petite balustrade, mais je bute sur un pont en réfection…

Du coup je trouve un autre chemin, qui descend vers des sources chaudes… D’en bas, magnifique vue en contreplongée:

Les sources chaudes (Wenshan Hot Springs) ne sont pas mal du tout: deux Taïwanais qui s’y prélassaient sont en train d’en sortir quand j’arrive. L’eau est bien bien  chaude! Je m’y glisse et m’y détends. Elle se jette ensuite en bouillonnant dans la rivière Taroko.

Je poursuis encore un peu vers l’intérieur des terres, et je m’arrête sur cette vue superbe… C’est une route qu’on aimerait prendre!

Une fois rentré à mon petit hôtel (plus un mix d’auberge de jeunesse et d’hôtel pour groupes à vrai dire…), je vais visiter le temple. Il n’a rien de remarquable en lui-même, mais le cadre montagneux le met fort bien en valeur.  

Pour mon quatrième jour, je me lève vers 5 heures du matin, avec le soleil. Je dois redescendre les gorges de Taroko, faire en sens inverse les 3-4 heures de route littorale de l’avant-veille, prendre un bus, le métro, et retrouver Mathieu vers 11h pour partir en randonnée.

Et j’oubliais: ne pas tomber en panne d’essence.

Ça se passe bien; et, il faut le dire, par beau temps et sans circulation, cette route est très belle.

Jour 4: randonnée d’échauffement sur la Montagne de la Théière

Après 6 heures de trajet, je suis miraculeusement à l’heure. Avec Mathieu, on prend nos sacs à dos, pas mal d’eau, quelques snacks, et on prend le métro puis le bus jusqu’à Jinguashi (la « pierre de la pastèque d’or »?).

Il fait à peu près 38 degrés. On se prend un jus de fruits très très frais. Puis on commence à monter.

Il y a les petits escaliers habituels aux montagnes chinoises, quelques mains courantes lorsque ça devient un peu abrupt. La vue sur les montagnes et la mer est très belle. Il faut beaucoup d’imagination pour voir une théière, mais c’est un sympathique sommet!

Nous faisons une grande boucle, pour revenir par le train. Nous arrivons à la station à la nuit tombée, le train passe une ou deux heures plus tard.

Nous faisons le tour d’un village sombre, silencieux, plutôt désert. Par les fenêtres entrouvertes, on voit parfois une télé, une pièce un peu bordélique. Un homme ivre mort titube devant nous et n’arrive pas à rentrer la clef dans le verrou de sa maison. On s’arrête dans une gargote pour dîner de nouilles et de bière.

Jour 5: le Musée de Taipei.

Il est en banlieue, loin du centre, pas tout près du métro: il se mérite. Mais tout y est. Lorsque Tchang Kai-Chek et les Nationalistes ont fui Pékin, ils ont emporté dans leurs malles les plus beaux trésors, et c’est dans ce musée qu’ils sont exposés. Il y a des sculpture d’ivoire d’une grande finesse, d’immenses rouleaux de peintures aux scènes palatiales, des vases de bronzes aux yeux et dents terribles, de délicates porcelaines de la dynastie Song…

Je finis ces cinq belles journées par un copieux dîner de raviolis au restaurant Din Tai Fung. Comme toujours ces raviolis sont incroyables. La vie a ses bons côtés.

Conseils pratiques pour cinq jours à Taiwan

A Taipei même: le musée (incroyable), le marché de nuit de Shilin, des bons raviolis au Din Tai Fung ou ailleurs.

Plages près de Taipei: plusieurs options possibles (en voiture ou en transports en commun), dont celle de Baishawan.

Gorges de Taroko: pensez à réserver à l’avance si vous voulez vraiment marcher (sur Zhuilu Old Trail); faites au moins une fois la belle route côtière; il est possible d’y accéder en bus, en train, en vélo, en scooter…

Montagne de la Théière: bonne randonnée à la (longue) demi-journée dans les environs de Taipei

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