Musique. Les accords de la symphonie américaine viennent de derrière les bambous d’un jardin d’Okayama. Le cygne au violoncelle chante comme je déjeune de tempura. Remixée jazz, la marche turque boitille. Partout et souvent, on est accompagné d’une musique classique en visite de longue durée (loin de chez elle, mais s’est si bien faite au lieu qu’elle ne peut se résoudre à le quitter).

Faune. A chaque lieu son totem. A Daizaifu, haut dans les montagnes de la volcanique Kyushu, avec un parc d’attraction et un temple où l’on vient pour la réussite de ses enfants: des libellules noires volettent. A Hiroshima, le long du fleuve qui la traverse en léchant la flamme du Mémorial pour la paix: des chats maraudent. A Nara, capitale – engloutie dans les bois – d’un premier Japon il y a une douzaine de siècles: des daims courent entre les temples. Dans tous les parcs à peu près: des cigales stridulent.

Détail. Italie, Japon: même recherche du beau, même attention aux finitions, aux détails, même goût comme inné pour l’agencement esthétique des choses.

Obsession du détail. Vu au festival de Gion à Kyoto: derrière les samouraï à cheval, une jeune femme avec sa pelle à crottin et son seau.

Obsession du détail (2). Vu au jardin Koraku-en d’Okayama, l’un des « trois plus beaux du Japon »: des jardiniers nettoient au balai les cailloux couverts d’algues au fond des canaux.

Utilisation de l’espace. Soit la ville et ses faubourgs, soit la montagne. Pas un pouce carré de plaine laissé sans usage. Les montagnes s’élèvent, non d’une mer de nuages comme sur les peintures taoïstes, mais d’une flaque urbaine.

Musique (2). Confucius: « la musique c’est le rythme ». La musique rend le temps palpable, l’étire, le distord, et ce plus qu’aucun autre art de représentation car la médiation, la pellicule glissée entre l’objet et celui qui perçoit, est à son minimum.

Trains. Pas forcément plus rapide ou efficace que notre TGV national, le Shinkansen. Mais donne une impression d’efficacité, que tout y est minuté: 15 trains à l’heure, freinage à bloc, chacun patiente devant les portes pendant que le personnel de bord ramasse les papiers sales, ceux qui n’ont pas de place réservée font la queue en file indienne (japonaise?) devant les compartiments libres, à l’heure dite une hôtesse ouvre la porte et s’incline, chacun monte dans le calme et dans le train, le Shinkansen démarre.

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:<< Koya-san: le cimetière dans la forêt

Laisser un commentaire