Samedi soir, on fête Halloween au Yen. La soirée se termine tard.

Quand je sors du club, une fine couche de neige recouvre les voitures garées entre les entrepôts sombres et des flocons se prennent dans mes cheveux. A l’entour, des Austin Power et des Geisha, des SWAT américains et des infirmières sexy, dans leurs costumes usés par la nuit, gesticulent et conciliabulent. Pas de taxi pour rentrer; je grelotte dans le vent et le froid saisissant.

Puis je marchais entre usines et galeries d’art, sans croiser âme qui vive. De loin en loin, des réverbères jetaient une clarté jeune sur les trottoirs sales. Au-dessus des devantures éteintes, je lisais: « Galerie d’art », ou « Université d’électro-optique ». Parfois, une sculpture s’élevait au coin d’une grille – figure grimaçante en couleurs acides ou formes d’acier pointues et déchirées. Le silence était irréel, le temps était absent.

Le lendemain, Pékin est blanc.

Les arbres encore verts ploient sous le faix de la neige. Sur les trottoirs, des branches par dizaines jonchent le sol (sur qui sont-elles tombées?). Une armée de factotums, sortie de nulle part, s’affaire à dégager les branches et secouer les arbres.

Devant le centre commercial, des balayeuses ramassent la neige en tas, emmitouflées pour résister au froid et aux flocons qui tombent sans discontinuer. Elles s’adaptent indifféremment au flot des passants, et ne semblent pas soucieuses de l’utilité de leur travail toujours recommencé.

La plupart des Pékinois prennent la situation avec philosophie – le gouvernement chinois n’a-t-il pas annoncé avoir provoqué la neige à dessein? Sur leurs vélos et tricycles habituels, anorak et bonnet de rigueur, ils vaquent dans la cohue coutumière.

Mais dans les parcs publics, les appareils de musculation, jaunes et bleus, sont laissés à l’abandon, entourés de neige vierge. Une seule personne pratique encore ses exercices matinaux de Taichichuan.

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