Hier soir, dîner dans l’inconnu. Au creux d’une contre-allée sombre, l’entrée ne paie pas de mine. A l’intérieur, les murs sont cachés par des paravents couverts de peintures et de citations des Classiques, le plafond est celui d’une hutte basse, la vaisselle de porcelaine sobre.  

Que n’aimez-vous pas, demande le serveur? Après trois minutes pour comprendre la question et répondre « les plats trop épicés » (on n’est pas ici pour découvrir), le chef vide son frigo et improvise. On nous apporte, après le thé d’usage: trois grosses boulettes au goût voisin de la paupiette, enrobées de riz gluant et fourrées de jaune d’oeuf, un canard entier (où sont donc les fourchettes?) moelleux et bouilli dans une sauce rouge et claire, des filets de poisson à la cacahuète et des épinards à l’oeuf de cent ans (ça reste des épinards qui ont attendu longtemps) et un plat d’un légume mystérieux, à la forme proche du soja et à la saveur intense et vive.

AU fait, quel imbécile a inventé la carte et le menu que je le crucifie?

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