3e et 4e journées de notre randonnée au-dessus de la vallée du Nujiang: nous traversons les monts Biluo sous de belles lumières d’altitude, déjeunons de galettes au beurre de Yack, dormons en cabane, et finissons la randonnée au village de Dimaluo

Matinée en altitude

Riz du matin, pas de colombin. Ce deuxième réveil en altitude est moins douloureux que celui de la veille!

L’estomac rempli de thé au beurre de yack bien baratté, nous quittons ce petit paradis vers 9 heures – gros effort pour ne mettre qu’une heure et demie à nous préparer! – et nous débutons l’ascension à flanc de névé, en compagnie des habitants du village et de leurs quadrupèdes qui montent en galopant.

Pour cette troisième journée de randonnée au-dessus de la vallée du Nujiang, nous cheminons d’abord en altitude dans les montagnes de Biluo, avant d’entamer la redescente.

Le col du matin est à 4200 mètres d’altitude, mais nous avons dû nous accoutumer car la montée se fait sans douleur. Le versant qui s’ouvre est un merveilleux camaïeu de verts.

Notre guide, Aluo, discute le bout de gras avec les bergers du village, et s’amuse à travailler du lance-pierres.

La descente est tranquille; Aluo et les deux porteurs musent dans les bosquets d’où ils cueillent de quoi agrémenter notre repas du soir.

Un déjeuner tibétain à la bergerie

Ayant du temps devant nous – et Aluo semblant ne pas devoir prendre en considération la possibilité si ténue soit-elle d’une pluie vers les, disons, 4 ou 5 heures de l’après-midi – nous faisons une halte prolongée dans une bergerie.

Le soleil tape dur, nos chaussures nagent dans la fange circumbergeriale, un petit jeune se pointe, au look de vendeur de téléphones portables, T-shirt en Anglais et casquette à l’envers. Nous patientons.

A l’intérieur de la bergerie, il fait un feu et place en équilibre sur les bûches une marmite au fond de laquelle il a coincé en torsion des arceaux de bambou. Pendant que l’eau chauffe, il prépare une pâte à pain; quand l’eau bout, il étale la pâte et la pose, dans la marmite, en appui sur les arceaux.

La pâte cuit ainsi à la vapeur, pendant une demi-heure. Évidemment, les bûches se délitent en se consumant, et la marmite manque se renverser.

Le vendeur de téléphones a ainsi cuit une sorte de galette, qui se mange trempée dans du beurre de yack chauffé à la poêle et accompagnée de thé au beurre de yack. Le pain ainsi assaisonné est étonnamment bon, la chaleur, le salinité et l’onctuosité du beurre de yack relevant la consistance fade du pain.

Descente, pluie, nuit en cabane

Nous quittons la bergerie. Nous marchons d’un cours d’eau l’autre. Fréquents ponts; de temps à autre une cabane.

Vers cinq heures, la pluie se déclenche. Nous marchons les yeux fixés sur l’horizon tels des GI dans les lianes vietnamiennes.

Après quelques heures, nous parvenons, en pleine forêt, à deux cabanes voisines. En contrebas, la rivière et ses serpents; en surplomb, des fourrés aux herbes piquantes. Nous nous installons dans ces cabanes pour la nuit. A dîner, le goût des plantes qui accompagnent notre riz vespéral évoque de manière frappante la moutarde.

Connexion Nujiang-Dijon.

4e jour: la descente vers Dimaluo

Quatrième et dernière étape, officiellement 2600 m – 1800 m et arrivée à Dimaluo (迪麻洛). En pratique, nous suivons la rivière Dimaluo le long de ses gorges, en nous élevant de plus en plus haut par rapport à elle.

L’eau là encore est omniprésente; elle coule de toutes parts, se rassemble, et tumultue à nos pieds.

A midi, nous nous arrêtons dans un petit village de minorité Lisu, tout baigné de soleil et composé de quelques maisons autour du traditionnel terrain de basket.

Après le déjeuner, Aluo se jette dans un match de basket, sous une chape de plomb. A gauche, quelques spectatrices. Nous, nous attendons en regardant.

Arrivée à Dimaluo

Nous parvenons à Dimaluo en fin d’après-midi, pour la fin de cette randonnée au-dessus de la vallée du Nujiang. Surprise, ce n’est pas un village, c’est un hameau, une dizaine de baraques tout au plus.

Nous nous installons chez Aluo, dont l’épouse nous sert un thé. Les murs de la salle commune sont couverts de pancartes expliquant les cultures locales, les itinéraires de randonnée les plus courants ainsi que l’engagement d’Aluo pour la protection de l’environnement (un projet d’une série de barrages est en cours). Nous nous gorgeons de thé.

Il y a une bonne et une mauvaise surprise. La bonne, c’est que le dîner est délicieux, thé au beurre de yack y compris. La mauvaise, c’est que nous nous laverons seulement demain!

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:<< Des cimes, des forêts, le déluge et un petit paradisBaihanluo: l’église catholique du bout du monde >>

Cette publication a un commentaire

  1. Anonymous

    excellent points and the details are more precise than somewhere else, thanks.

    – Norman

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