Trois jours de randonnée dans les paysages spectaculaires et sauvages des Hauts plateaux du Vercors: récit et conseils pratiques sur l’itinéraire, le bivouac et les transports en commun

Le cahier des charges était assez voisin de cette superbe randonnée dans le massif du Morvan: une randonnée de deux ou trois jours, facilement accessible en transports sans voiture depuis Paris, et suffisamment belle, sportive et sauvage.

Comment trouver une randonnée accessible depuis Paris?

Ce n’est pas un cahier des charges facile! Pour des durées plus courtes (à la journée), l’excellent site RandoNavigo donne plein d’idées accessibles en RER ou TER. Pour des randos de quelques jours, j’ai aussi trouvé de l’inspiration ici, ici, , ou encore .

Cela implique de vérifier les horaires de train pour maximiser le temps de rando (avec un départ jeudi soir, vendredi soir ou samedi matin tôt et un retour dimanche soir ou lundi soir), de limiter les correspondances en bus (les vérifications de compatibilités d’horaires prennent du temps…), de trouver où dormir…

J’en ai trouvé quelques unes qui remplissent ces conditions:

  • A distance de TER, il y a le littoral de la Manche: je vous raconte ici une belle randonnée à la journée entre Fécamp et Etretat, et je prévois d’aller marcher un jour vers le Cap Gris-Nez; sur une durée plus longue on peut marcher de Saint Malo à Saint Brieuc sur la Côte d’Emeraude.
  • A distance de TGV, il y a les Vosges (dans ma longue liste d’articles en retard, il y a une belle rando en Alsace sur un weekend dans les châteaux et les forêts), le Morvan, et Grenoble; le Massif central est un peu trop loin pour un weekend (mais parfait pour 4 ou 5 jours).
  • Enfin il y a quelques trains de nuit qui permettent d’accéder aux Pyrénées (jamais essayé) et à la vallée de Briançon. C’est ce dernier que j’ai choisi, en prévoyant de descendre à la gare de Die.

Etretat / GR30 / Morvan

Mes plans pour le Vercors

Mon idée était donc:

  • de prendre le train de nuit vendredi soir (départ 21h30) pour débarquer le samedi matin dans la charmante ville de Die (au Sud du massif du Vercors),
  • de marcher trois jours vers le Nord à travers les Hauts plateaux du Vercors jusqu’à Villard-de-Lans,
  • de rejoindre Grenoble en bus-navette depuis Villard-de-Lans et d’y prendre le TGC pour rentrer à Paris lundi dans la soirée.

Première petite surprise de la SNCF: après une course épique vers la gare d’Austerlitz pour attraper mon train de nuit, ce dernier s’est avéré être… un bus de nuit, en raison de travaux sur la voie! C’était un bus standard, à sièges légèrement inclinables, chaque passager ayant droit à deux sièges. Oui j’aurais dû lire plus attentivement mon billet…

Résultat des courses, au lieu d’arriver frais et dispos à la descente du train de nuit, je n’ai pas beaucoup dormi et je suis arrivé un peu dans le coaltar!

La deuxième petite surprise de la SNCF a été pour mon train de retour de Grenoble: à la suite d’une alerte à la bombe, tous les trains ont été bloqués pendant plusieurs heures le temps que les démineurs arrivent de Lyon… J’étais bien crevé en arrivant à Paris!

Randonner sur les Hauts plateaux du Vercors

Des trois massifs qui entourent Grenoble (Vercors, Chartreuse, Belledonne), le Vercors est celui qui m’attirait le plus. Outre son caractère sauvage (qu’ont aussi les autres massifs), je m’attendais à des panoramas dégagés et spectaculaires (je n’ai pas été déçu!). Je reviendrai sûrement pour randonner dans la Chartreuse ou dans Belledonne.

Les Hauts plateaux du Vercors sont une des parties du massif. Contrairement à ce que leur nom peut laisser entendre, ils ne sont pas particulièrement plats (plutôt vallonnés), mais ils sont délimités, notamment à l’Est et au Sud, par un décrochement spectaculaire. Au Sud, le plateau s’arrête abruptement par une falaise et surplombe la vallée. A l’Est, il se relève et se transforme en une chaîne de petites montagnes, alignées Nord-Sud, qui ensuite tombent en précipice sur la plaine.

Les panoramas sur le plateau, sur les falaises et sur les montagnes sont d’autant plus spectaculaires qu’on aperçoit souvent la plaine au loin.

Mon trajet sur le GR91

J’ai globalement suivi une section du GR91 (la « Traversée du Vercors ») du Sud vers le Nord.

Après ma descente du train (enfin, du bus de remplacement…) à Die, j’ai rejoint le GR91 un peu au Nord de Chatillon-en-Vercors, en coupant par l’Abbaye de Valcroissant.

J’ai dormi la première nuit près du refuge de la Cabane du Pré-Peyret et la seconde à côté de la Fontaine du Play.

Puis j’ai continué en redescendant jusqu’à Corrençon-en-Vercors.

De là j’ai fait du stop jusqu’à Villard-de-Lans, puis pris le bus pour la gare TGV Grenoble.

Cela représente 55 kilomètres, avec 2300 mètres de dénivelée positive.

Voici le lien vers la trace GPS du trajet:

Conseils pratiques

Attention à l’eau: pour moi c’était la principale contrainte (et encore j’étais en début de saison, en mai). Les sources sont peu nombreuses; en fin de saison elles peuvent être à sec. Les sources sont indiquées sur la carte IGN, et les dernières informations sur leur état sont publiées sur le site officiel du parc du Vercors.

Renseignez-vous sur l’état des chemins: mon intention première était, sur la partie Nord des Hauts plateaux, d’emprunter les balcons Est afin d’avoir des vues plus spectaculaires, mais des randonneurs m’ont indiqués qu’il y avait encore trop de neige et qu’ils n’étaient pas accessibles (nous étions en mai).

Prenez votre tente. Il y a peu de refuges et ils ne sont pas très grands. Inversement le bivouac est autorisé dans tout la réserve des Hauts Plateaux. Avoir ma tente m’a permis de bivouaquer en pleine nature, avec la seule contrainte de faire le plein d’eau.

Etudiez les itinéraires alternatifs. J’ai principalement suivi le GR91, mais ce n’est n’est probablement pas le plus bel itinéraire. En fonction des conditions météo et de l’enneigement, je recommanderais:

  • soit de suivre les crêtes sur certains passages (Grand Veymont, Moucherolles, etc.) ou les sentiers en balcons, donc selon un itinéraire à peu près parallèle au GR91 mais plus à l’Est, soit à la limite du plateau, soit en balcon dans le décrochement. C’était mon intention, mais les chemins n’étaient pas praticables quand j’y étais en mai. Les vues ont l’air très photogéniques!
  • soit (si la saison est suffisamment avancée) de faire une boucle au départ de Grenoble, en explorant des sommets comme la Grande Moucherolle et la Petite Moucherolle, le passage vertigineux du Pas de l’Oeil…

Accès en transports en commun. Vous pouvez combiner le train de nuit entre Paris et Die (du côté Sud des Hauts plateaux) et le TGV Paris-Grenoble, ou bien n’utiliser qu’un des deux. Grenoble m’a semblé plutôt bien relié aux villages voisins en transports en commun (j’ai facilement trouvé un bus depuis Villard-de-Lans par exemple).

Mon itinéraire détaillé sur les Hauts plateaux du Vercors

Premier jour: de Die à la Cabane du Pré-Peyret

Je suis arrivé à Die vers 6h15 du matin après ma nuit rustique dans le bus. J’ai commencé la journée par prendre un petit cappuccino dans un café du village. Vu mon état de (petite) forme, je ne me suis pas attardé, mais Die m’a fait l’impression d’une très jolie ville.

J’ai d’abord rejoint l’abbaye de Valcroissant, qui comme son nom l’indique est dans un creux de vallée: c’est très bucolique et l’abbaye (qui est devenue un gîte) est dans un très beau cadre de montagnes.

Après cette petite mise en jambe, la grosse montée de la journée! Die (400m d’altitude) et l’abbaye de Valcroissant (650m) sont dans la vallée, les Hauts plateaux du Vercors sont à 1900 mètres d’altitude!

La montée se fait d’une traite, sur un chemin bien visible. C’est rude mais c’est efficace!

Je suis monté tranquillement, et j’ai atteint le plateau pour le déjeuner.

Quelques restes de neige, un troupeau, la vue magnifique sur la vallée: l’endroit parfait pour couper un saucisson!

L’après-midi, j’ai globalement marché vers le Nord, en longeant la limite du plateau, avec beaucoup de point de vue spectaculaires sur le décrochement et sur les collines du Vercors.

Vu que je devais me réapprovisionner à une source d’eau, j’ai dû pousser jusqu’à la cabane du Pré-Peyret. J’y suis arrivé vers 17h30, bien fourbu (la journée avait commencé à 6h15!), et j’ai campé à quelques centaines de mètres.

Deuxième jour: de la cabane du Pré-Peyret à la fontaine du Play

Le deuxième jour, je me suis réveillé avec une bonne fatigue de ma nuit dans le bus et de la grosse journée de la veille. Il faisait un temps magnifique, frais et ensoleillé.

Les premières heures, j’ai continué plein Nord sur le GR91 jusqu’au niveau du Grand Veymont. Si l’enneigement l’avais permis, j’aurais plutôt obliqué vers l’Est jusqu’au pas des Bachassons, puis suivi la ligne de crête par le sommet du Grand Veymont.

Des paysages calmes et paisibles, avec des alternances de forêts, de clairières, de collines, et des vues fréquentes sur la chaîne de montagnes à l’Est.

J’ai ensuite quitté le GR91 pour monter au Pas de la Ville, le premier col au Nord du Grand Veymont. Mon intention était de redescendre à l’Est de la chaîne de montagnes pour rejoindre un sentier Nord-Sud en balcon du décrochement rocheux, afin de varier un peu des Hauts Plateaux.

Depuis le Pas de la Ville, j’ai profité de la vue grandiose sur la vallée, puis j’ai descendu un névé bien pentu sur le versant Est.

Arrivé en bas du névé, des randonneurs (qui montaient) m’ont dit que le chemin des balcons Est leur avait été déconseillé en raison de névés abondants et un peu dangereux.

Je suis donc remonté au Pas de la Ville, j’ai rejoint le GR91, et j’ai continué plein Nord jusqu’à la Fontaine du Play, un peu avant le refuge de la Jasse du Play.

J’ai monté la tente non loin de la Fontaine du Play, à l’abri des regards dans un endroit idyllique. En bavardant avec d’autres marcheurs qui venaient s’approvisionner en eau à la fontaine, j’ai eu confirmation que les balcons n’étaient pas encore praticables et que j’avais eu raison de ne pas m’y engager.

Troisième jour: de la fontaine du Play à Corrençon-en-Vercors

Le troisième jour était nettement moins intéressant que les deux premiers: j’ai eu quelques beaux panoramas, mais la plupart du temps c’était une descente progressive sous couvert forestier.

La fin m’a paru interminable… Les 2 dernières heures pour redescendre de la cabane de Carrette j’en avais un peu marre…

J’ai dû arriver vers 14h30 à Corrençon-en-Vercors, d’où j’ai fait du stop pour rejoindre Villard-de-Lans, une station de montagne plutôt sympathique. J’y ai cassé la croûte en attendant le bus pour la gare TGV de Grenoble.

Sans l’alerte au colis piégé et les heures d’attentes le temps que les démineurs arrivent de Lyon je serais rentré assez tôt; après ces petites péripéties, j’étais dans mon lit à une heure du matin…

Un petit bilan…

En résumé de ces trois jours, 55 kilomètres et 2300 mètres de dénivelée, l’atmosphère était parfaite: bucolique, calme, beaucoup d’oiseaux, quelques marmottes et bouquetins, peu de randonneurs (j’ai dû en croiser une vingtaine chaque jour). Les paysages des Hauts plateaux sont très sauvages, c’est un bonheur d’y bivouaquer (en gardant à l’esprit la forte contrainte de l’eau) et d’y marcher.

Quand j’y retournerai, j’essaierai sans doute, de préférence au GR91, un itinéraire plus exposé sur les crêtes ou les balcons (et donc plus tardif dans la saison) afin de mieux profiter des spectaculaires panoramas sur les falaises.

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