Récit des deux derniers jours de ma randonnée dans les îles Lofoten: redescente depuis Munkebu vers le charmant village d’Å, ascension de l’Anstabben, tour du lac d’Agvatnet et visite d’Å

A mon réveil près du refuge de Munkebu, je m’étire dans un écrin de montagnes, face à la tranquillité des deux lacs que ma tente surplombe. Dans l’air frais et sous un soleil vif, j’allume mon réchaud et je fais chauffer l’eau du thé.

Les deux premiers jours aux îles Lofoten étaient une belle mise en bouche. Avant-hier c’était un peu la course, doubler une étape pour avoir le ferry à l’heure; la montée finale au « point 413 » était éprouvante. Hier, deux ascensions pour deux panoramas à couper le souffle, la plupart du temps sans sac à dos: j’ai l’œil rincé, le dos reposé.

Il me reste deux jours pleins aux Lofoten, avant d’embarquer sur le ferry auroral de Moskenes, voguer ses quatre heures vers Bodo, enchaîner les quatre étapes de vol vers Paris, et prendre le RER B. Deux jours pour profiter sans hâte: Moskenes n’est qu’à une demi-journée de marche.

Jour 5: descente vers Moskenes, lac d’Agvatnet, sommet d’Anstabben

La descente de Munkebu vers Moskenes est en pente douce (au moins la première moitié), c’est un trajet de pâtre, vallonné, pierreux, toujours sur la crête, descendant toujours.

On quitte peu à peu le cœur des sommets, on passe de lac en lac, et le regard donne bientôt sur une grande baie et l’océan. A basse altitude on croise les familles en promenade, les enfants courent dans les cascades.

Arrivé sur le littoral, plutôt que de marcher directement vers Moskenes (à l’Est), je m’en éloigne vers le village d’Å. Je dois longer la route côtière; c’est beau mais moins agréable que les sentiers de montage… Les voitures qui me doublent me rappellent qu’à pied le paysage passe moins vite…

Vers midi je passe le panneau qui indique Å (prononer « euh »). On peut difficilement faire plus concis!

Arrivé au célèbre village au nom plutôt court

Je contourne le village, donc on aperçoit les jolies maisons rouges, je passe le parking touristique, et je me dirige vers le lac d’Agvatnet (« lac de Å » selon mes rudiments topographiques de norvégien…) en quête d’un endroit beau et tranquille où poser ma tente et casser la croûte.

C’est plus fréquenté que les jours passés… Le chemin longeant le lac est facile d’accès, et donc bien emprunté… Le terrain est pentu jusqu’au lac, et ce n’est qu’au bout de vingt minutes que je trouve l’emplacement parfait: sur une petite excroissance terminée par une plateforme surplombant légèrement le lac, avec un accès facile à l’eau, une zone herbeuse à peu près plate, et quelques mètres à l’écart du chemin.

Je me décharge et je monte la tente pour marquer mon territoire… Puis je mange mes sandwichs et je fais la sieste. Malgré les petits groupes de promeneurs qui passent non loin, mon promontoire est paisible.

Vent léger, miroitements du soleil sur le lac quelques mètres plus bas.

Une fois repu et reposé, je prends une bouteille d’eau et je monte à l’Anstabben, l’un des sommets qui entourent le lac (côté Sud-Est). J’ai un peu d’appréhension, car le guide décrit la montée comme un peu dangereuse. En tous cas c’est bien abrupt…

C’est moins fréquenté (on est hors du sentier principal), donc je perds le chemin de temps à autre. Au bout d’une demi-heure de bonne montée, j’arrive à un premier passage difficile: quelques mètres verticaux de roches un peu glissantes, pas grand chose pour arrêter une chute. J’étudie un peu le passage et j’en conclus que ça passe à la montée; je continue. Une deuxième passage du même genre se présente vingt minutes plus loin, un pan rocheux à traverser de biais, avec peu d’appuis. La montée finale vers le sommet est un peu rude; la pente diminue progressivement jusqu’au cairn sommital.

Je suis stupéfait par la perspective qui se découvre: toute la pointe Ouest des Lofoten resplendit.

Le soleil dans la figure, les contrastes sont saisissants. L’à-pic des falaises est vertigineux. Les montagnes les plus lointaines sont prises dans la brume et la diffraction de la lumière.

Le regard embrasse aussi le lac d’Agvatnet, entouré de dents rocheuses.

En redescendant, la côte dentelée s’offre au regarde: tout près, Å et l’extrémité de son lac; puis, Moskenes d’où part le ferry – on devine la ligne droite de l’embarcadère; puis enfin un morceau de Reine qui dépasse des montagnes. Les deux passages délicats à la montée se passent finalement bien à la descente; je suis rassuré…

Après cette belle ascension, je teste l’eau du lac. Je me plonge à peine mais je la trouve glacée; je dois être trop fatigué. Je me rhabille et je me repose.

Jour 6: le charmant village d’Å… et le départ des îles Lofoten

Je fais une grasse matinée – lever vers 8h! Puis je monte à l’extrémité du lac la plus lointaine d’Å. C’est un peu marécageux, puis une montée raide au col. Comme récompense, une jolie vue sur le lac (au loin, on devine Å).

Je redescends; avant de déjeuner je prends un bain dans l’eau du lac. Cette fois je la trouve un peu fraîche mais très agréable au soleil!

Je quitte ensuite ce sympathique lac pour faire le tour du village d’Å.

Maison rouges et noires (Stendhal?) en bois, sur pilotis, c’est charmant charmant: les familles et groupes s’y arrêtent, y déjeunent, y dorment. Il y a même un parcours culturel et quelques musées; je zappe…

Je mange un sandwich sur la jetée, entre le village et la mer…

Puis je me mets au travail: j’achète quelques cartes postales, et (folie!) je commande un latte et un roulé à la cannelle dans un petit café bobo. Je me pose au soleil, au bord de l’eau. Je bavarde avec des Français que j’avais croisés sur le ferry de Kirkefjorden – ils ont eu un temps exécrable vers Tromso, puis ce grand soleil sur les Lofoten…

En fin d’après-midi, je poste mes cartes et je me mets en route pour Moskenes.

Je marche une heure ou deux pour le camping. En chemin je craque et je m’achète quelques viennoiseries pour le soir.

J’ai un peu d’appréhension en approchant du camping – je ne tiens pas à dormir dans la proximité humaine… Mais le cadre est plutôt agréable; je trouve un endroit suffisamment tranquille et je monte la tente.

Il y a des douches chaudes. C’est merveilleux. J’en profite.

Puis je dîne face à la mer. En soirée, je me balade sur les rochers. Il doit être onze heures. Le soleil de – presque – minuit colore le ciel de roses et d’oranges.

Lever très matinal, et j’embarque sur le ferry.

Sur le pont arrière, emmitouflé dans ma doudoune, je regarde longuement les Lofoten s’éloigner.

Vous pouvez accéder aux articles contigus de ce carnet:<< Rando dans les îles Lofoten (2): entre ciel et merConseils pratiques pour randonner aux îles Lofoten >>

Cet article a 2 commentaires

  1. Marie

    super rando, ça donne envie franchement !!!

    1. Aurélien

      Oui c’était génial!!

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